
Il vous observe. Depuis le haut de l’armoire, depuis un coin du canapé, ou entre deux clignements d’yeux sur la machine à laver. Il est là. Silencieux. Moelleux. Menaçant ? Peut-être pas. Mais une chose est sûre : votre chat vous juge. Et ce jugement est implacable.
Parce qu’aux yeux de votre félin, vous n’êtes pas l’humain fort et indépendant que vous croyez être. Vous êtes le distributeur de croquettes ambulant. Le gestionnaire de litière. L’oreiller personnel. Et parfois, le clown de service.
Immobilité obligatoire
Vous vous souvenez du temps où vous pouviez bouger librement chez vous ? Oubliez. Votre chat a élu domicile sur vos jambes, votre ventre, votre dos, ou votre clavier d’ordinateur. Il s’est installé avec l’élégance d’un seigneur médiéval. Et désormais, tout mouvement est un affront.
Tentez de vous lever ? Il vous toise. Un regard qui dit :
« Tu me déranges là. Je réfléchissais à l’inutilité de ton existence. »
Et vous, évidemment, vous restez là. Prisonnier consentant. Parce que vous ne voulez pas troubler son sommeil sacré. Même si votre pied est engourdi depuis 45 minutes.
Le cauchemar nocturne à moustaches
La nuit, quand tout le monde dort… sauf lui. Il est l’ombre qui rôde. Le ninja qui saute sur vos côtes à 3h du matin. Le marathonien des couloirs. Et parfois, le chanteur lyrique qui miaule à la lune, ou au moins à la porte de la salle de bain.
Et si vous vous réveillez (en panique), vous croisez ses yeux brillants, posés sur votre visage avec une expression très claire :
« T’as mis 0,2 seconde de plus que d’habitude pour te lever. Je note. »
Papier, écran, dossier : l’appel du fessier
C’est une loi physique mal connue : plus un objet est important pour vous, plus il attire les fesses de votre chat. Cahier, ordinateur portable,
devoir d’ado, déclaration d’impôts… il s’assoit dessus. Tranquillement. Et il vous regarde, un sourcil invisible levé :
« Ce rectangle plat a l’air crucial pour toi. C’est donc désormais mon territoire. »
Le summum, c’est quand vous tentez de le pousser. Il ne résiste pas. Il glisse… lentement… comme une crêpe fatiguée. Mais toujours avec une dignité impériale. Un roi déchu, mais fier.
Les câlins sous condition
Votre chat vous aime. Il a juste des règles très strictes. Les câlins, par exemple, ne sont permis que :
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entre 17h23 et 17h26
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dans la cuisine, mais pas dans le salon
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uniquement si vous ne portez pas ce pull moche
S’il accepte un câlin, c’est un miracle. S’il en redemande, c’est suspect. Et si vous insistez quand il en a marre… il s’enfuit comme si vous veniez de lui lire un texte fiscal. Avec dégoût.
Et puis, parfois, au moment où vous ne vous y attendez pas… il se blottit contre vous. Il ronronne. Il ferme les yeux. Et là, il vous a. Vous êtes émotionnellement piégé.
L’art de vous ridiculiser
Il ne vous juge pas uniquement pour vos mouvements, vos vêtements ou vos tentatives de tendresse. Non. Il vous juge aussi quand vous tentez d’être utile. Remplir la gamelle avec cérémonie ? Trop lent. Changer la litière avec amour ? Insuffisant. Jouer avec ce super jouet en plumes acheté à prix d’or ? Nul. Il préfère une chaussette sale.
Et quand vous trébuchez sur un Lego ou vous cognez le petit orteil contre la table, il ne court pas vers vous. Il vous observe. Avec un rictus intérieur. Un sourire que seul un chat peut avoir, sans bouger un muscle.
Et pourtant…
Malgré tout, malgré ce jugement constant, ce mépris discret, cette supériorité évidente… vous l’aimez comme un fou.
Parce qu’il a cette manière de dormir roulé en escargot. Parce qu’il cligne des yeux doucement quand il vous regarde. Parce qu’il frotte sa tête contre la vôtre quand vous avez le moral en berne.
Votre chat vous juge. Mais il reste. Il vous pardonne vos fautes. Et, soyons honnêtes : vous aussi, vous le jugez parfois. Quand il court après une mouche invisible. Quand il glisse lamentablement en voulant sauter. Quand il fait un cauchemar en dormant la tête dans sa gamelle.
Finalement, c’est peut-être ça, la vraie vie de couple : juger l’autre. Mais l’aimer quand même.